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Il suit de là que, toutes choses restant les mêmes, en augmentant seulement la capacité du cuvier qui couvrait le tout dans mon expérience, et en y substituant par exemple un tonneau vide, on pourrait, au moyen de la vapeur, faire cuire promptement et à peu de frais plusieurs boisseaux de pommes de terre, de racines de toute espèce, enfin tout ce qu’on aurait empilé sur la claie et recouvert du tonneau, soit pour les hommes, soit à l’usage des bestiaux ; et tout cela serait cuit avec six fois moins de temps et six fois moins de bois qu’il n’en faudrait pour mettre seulement en ébullition une chaudière de la contenance d’un hectolitre.

Je crois que cet appareil si simple peut être de quelque importance partout où il existe une manutention un peu considérable, soit à la ville, soit à la campagne ; et voilà pourquoi je l’ai décrit de manière que tout le monde puisse l’entendre et en profiter.

Je crois encore qu’on n’a point assez tourné au profit de nos usages domestiques la puissance de la vapeur ; et j’espère bien que quelque jour le bulletin de la Société d’encouragement apprendra aux agriculteurs que je m’en suis ultérieurement occupé.

P. S. Un jour que nous étions assemblés en comité de professeurs, rue de la Paix, n° 14, je racontai l’histoire véritable du turbot à la vapeur. Quand j’eus fini, mon voisin de gauche se tourna vers moi : « N’y étais-je donc pas ? me dit-il d’un air de reproche. — Et moi donc, n’ai-je donc pas opiné tout aussi bien que les autres ? — Certainement, lui répondis-je, vous étiez là tout près du curé, et, sans reproche, vous en avez bien pris votre part ; ne croyez pas que… »

Le réclamant était M. Lorrain, dégustateur fortement papillé, financier aussi aimable que prudent, qui s’est bien calé dans le port pour juger plus sainement