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tive. L’un d’eux fit envelopper la botte miraculeuse, même sans en demander le prix, la paya, la mit sous son bras, et l’emporta en sifflant l’air : God save the king.

« Voilà, monsieur, me dit en riant madame Chevet, une chance tout aussi commune que les autres, dont je ne vous avais pas encore parlé. »

XVI
de la fondue.

La fondue est originaire de la Suisse. Ce n’est autre chose que des œufs brouillés au fromage, dans certaines proportions que le temps et l’expérience ont révélées. J’en donnerai la recette officielle.

C’est un mets sain, savoureux, appétissant, de prompte confection, et partant toujours prêt à faire face à l’arrivée de quelques convives inattendus. Au reste, je n’en fais mention ici que pour ma satisfaction particulière, et parce que ce mot rappelle un fait dont, les vieillards du district de Belley ont gardé le souvenir.

Vers la fin du dix-septième siècle, un M. de Madot fût nommé à l’évêché de Belley, et y arrivait pour en prendre possession.

Ceux qui étaient chargés de le recevoir et de lui faire les honneurs de son propre palais avaient préparé un festin digne de l’occasion, et avaient fait usage de toutes les ressources de la cuisine d’alors pour fêter l’arrivée de monseigneur.

Parmi les entremets brillait une ample fondue, dont le prélat se servit copieusement. Mais, ô surprise ! se méprenant à l’extérieur et la croyant une crème, il la