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mangea à la cuiller, au lieu de se servir de la fourchette, de temps immémorial destinée à cet usage.

Tous les convives, étonnés de cette étrangeté, se regardèrent du coin de l’œil, et avec un sourire imperceptible. Cependant le respect arrêta toutes les langues, car tout ce qu’un évêque venant de Paris fait à table, et surtout le premier jour de son arrivée, ne peut manquer d’être bien fait.

Mais la chose s’ébruita, et dès le lendemain on ne se rencontrait point sans se demander : « Eh bien, savez-vous comment notre nouvel évêque a mangé hier au soir sa fondue ? — Eh ! oui, je le sais ; il l’a mangée avec une cuiller. Je le tiens d’un témoin oculaire, etc. » La ville transmit le fait à la campagne ; et après trois mois, il était public dans tout le diocèse.

Ce qu’il y a de remarquable, c’est que cet incident faillit ébranler la foi de nos pères. Il y eut des novateurs qui prirent le parti de la cuiller, mais ils furent bientôt oubliés : la fourchette triompha ; et après plus d’un siècle, un de mes grands-oncles s’en égayait encore, et me contait, en riant d’un rire immense, comme quoi M. de Madot avait une fois mangé de la fondue avec une cuiller.

recette de la fondue.
Telle qu’elle a été extraite des papiers de M. Trollet, bailli de Moudon, au canton de Berne.

Pesez le nombre d’œufs que vous voudrez employer d’après le nombre présumé de vos convives.

Vous prendrez ensuite un morceau de bon fromage de Gruyère pesant le tiers, et un morceau de beurre pesant le sixième de ce poids.

Vous casserez et battrez bien les œufs dans une casse-