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Un buveur était à table, et au dessert on lui offrit du raisin. « Je vous remercie, dit-il en repoussant l’assiette ; je n’ai pas « coutume de prendre mon vin en pilules. »


On félicitait un amateur qui venait d’être nommé directeur des contributions directes à Périgueux ; on l’entretenait du plaisir qu’il aurait à vivre au centre de la bonne chère, dans le pays des truffes, des bartavelles, des dindes truffées, etc. « Hélas ! dit en soupirant le gastronome contristé, est-il bien sûr qu’on puisse vivre dans un pays où la marée n’arrive pas ? »

XXII
une journée chez les bernardins.

Il était près d’une heure du matin ; il faisait une belle nuit d’été, et nous étions formés en cavalcade, non sans avoir donné une vigoureuse sérénade aux belles qui avaient le bonheur de nous intéresser (c’est vers 1782).

Nous partions de Belley, et nous allions à Saint-Sulpice, abbaye de Bernardins située sur une des plus hautes montagnes de l’arrondissement, au moins cinq mille pieds au-dessus du niveau de la mer.

J’étais alors le chef d’une troupe de musiciens amateurs, tous amis de la joie et possédant à haute dose toutes les vertus qui accompagnent la jeunesse et la santé.

« Monsieur, m’avait dit un jour l’abbé de Saint-Sulpice, en me tirant, après dîner, dans l’embrasure d’une croisée, vous seriez bien aimable si vous veniez avec vos amis nous faire un peu de musique le jour