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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/420

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lutionnaire en croupe, pouvait se jouer ainsi, celui-là, dis-je, avait bien certainement la tête et le cœur d’un Français.

Il y avait bien quatre heures que nous étions à table, et on commençait à s’occuper de la manière de finir la soirée ; on allait faire une longue promenade pour aider la digestion, et en rentrant on ferait une partie de bête hombrée peur attendre le repas du soir, qui se composait d’un plat de truites en réserve, et des reliefs du dîner, encore très-désirables.

À toutes ces propositions je fus obligé de répondre par un refus, le soleil penchant vers l’horizon m’avertissait de partir. Ces messieurs insistèrent autant que la politesse le permet, et s’arrêtèrent quand je leur assurai que je ne voyageais pas tout à fait pour mon plaisir.

On a déjà deviné qu’ils ne voulurent pas entendre parler de mon écot : ainsi, sans me faire de questions importunes, ils voulurent me voir monter à cheval, et nous nous séparâmes après avoir fait et reçu les adieux les plus affectueux.

Si quelqu’un de ceux qui m’accueillirent si bien existe encore, et que ce livre tombe entre ses mains, je désire qu’il sache, qu’après plus de trente ans, ce chapitre a été écrit avec la plus vive gratitude.

Un bonheur ne vient jamais seul, et mon voyage eut un succès que je n’aurais presque pas espéré.

Je trouvai, à la vérité, le représentant Prôt fortement prévenu contre moi : il me regarda d’un air sinistre, et je crus qu’il allait me faire arrêter ; mais j’en fus quitte pour la peur, et après quelques éclaircissements, il me sembla que ses traits se détendaient un peu.

Je ne suis point de ceux que la peur rend cruels, et