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avec du vin de paille, également doux et généreux : le tout fut couronné par de très-bon café, confectionné par le tuileur guilleret, qui eut aussi l’attention de ne nous laisser pas manquer de certaines liqueurs de Verdun, qu’il sortit d’une espèce de tabernacle dont il avait la clef.

Non-seulement le dîner fut bon, mais il fut très-gai.

Après avoir parlé avec circonspection des affaires du temps, ces messieurs s’attaquèrent de plaisanteries qui me mirent au fait d’une partie de leur biographie ; ils parlèrent peu de l’affaire qui les avait réunis ; on dit quelques bons contes, on chanta ; je m’y joignis par quelques couplets inédits ; j’en fis même un en impromptu, et qui fut fort applaudi suivant l’usage ; le voici :

Air : du Maréchal ferrant.

Qu’il est doux pour les voyageurs
De trouver d’aimables buveurs :
C’est une vraie[1] béatitude.
Entouré d’aussi bons enfants.
Ma foi, je passerais céans
Libre de toute inquiétude,

Quatre jours,
Quinze jours,
Trente jours,
Une année,

Et bénirais ma destinée.

Si je rapporte ce couplet, ce n’est pas que je le croie excellent, j’en ai fait, grâce au ciel ! de meilleurs, et j’aurais refait celui-là si j’avais voulu ; mais j’ai préféré de lui laisser sa tournure d’impromptu, afin que le lecteur convienne que celui qui, avec un comité révo-

  1. Il y a ici une faute que nous conservons par respect pour le texte de l’auteur ; le passage qui suit le couplet fait voir d’ailleurs que nous ne faisons en cela que suivre son intention.