Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/432

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2° M. Achard, pâtissier-petit-fournier, rue de Grammont, n° 9, Lyonnais, établi depuis environ dix ans, a commencé sa réputation par des biscuits de fécule et des gaufres à la vanille qui ont été longtemps inimitées.

Tout ce qui est dans son magasin a quelque chose de fini et de coquet qu’on chercherait vainement ailleurs ; la main de l’homme n’y paraît pas. On dirait des productions naturelles de quelque pays enchanté : aussi, tout ce qui se fait chez lui est enlevé le jour même, on peut dire qu’il n’a point de lendemain.

Dans les beaux jours équinoxiaux, on voit arriver à chaque instant rue de Grammont quelque brillant carricle, ordinairement chargé d’un beau titus et d’une jolie emplumée. Le premier se précipite chez Achard, où il s’arme d’un gros cornet de friandises. À son retour, il est salué par un : « Ô mon ami ! que cela a bonne mine ! » ou bien : « O dear ! how it looks good ! my mouth !….. » Et vite le cheval part, et mène tout cela au bois de Boulogne.

Les gourmands ont tant d’ardeur et de bonté, qu’ils ont supporté pendant longtemps les aspérités d’une demoiselle de boutique disgracieuse. Cet inconvénient a disparu ; le comptoir est renouvelé, et la jolie petite main de mademoiselle Anna Achard donne un nouveau mérite à des préparations qui se recommandent déjà par elles-mêmes.

3° M. Limet, rue de Richelieu, n° 79, mon voisin, boulanger de plusieurs altesses, a aussi fixé mon choix.

Acquéreur d’un fonds assez insignifiant, il l’a promptement élevé à un haut degré de prospérité et de réputation.

Ses pains taxés sont très-beaux ; et il est difficile de réunir dans les pains de luxe tant de blancheur, de saveur et de légèreté.