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DU GOÛT.

arrière-goût ; on n’éprouve rien, on ne pense à rien ; on a bu, et voilà tout.

ordre des diverses impressions du goût.

12. — Le goût n’est pas si richement doté que l’ouïe ; celle-ci peut entendre et comparer plusieurs sons à la fois : le goût, au contraire, est simple en activité, c’est-à-dire qu’il ne peut être impressionné par deux saveurs en même temps.

Mais il peut être double, et même multiple par succession, c’est-à-dire que, dans le même acte de gutturation, on peut éprouver successivement une seconde et même une troisième sensation, qui vont en s’affaiblissant graduellement, et qu’on désigne par les mots arrière-goût, parfum ou fragrance ; de la même manière que, lorsqu’un son principal est frappé, une oreille exercée y distingue une ou plusieurs séries de consonnances, dont le nombre n’est pas encore parfaitement connu.

Ceux qui mangent vite et sans attention ne discernent pas les impressions du second degré ; elles sont l’apanage exclusif du petit nombre d’élus ; et c’est par leur moyen qu’ils peuvent classer, par ordre d’excellence, les diverses substances soumises à leur examen.

Ces nuances fugitives vibrent encore longtemps dans l’organe du goût ; les professeurs prennent, sans s’en douter, une position appropriée, et c’est toujours le cou allongé et le nez à babord qu’ils rendent leurs arrêts.

jouissances dont le goût est l’occasion.

13. — Jetons maintenant un coup d’œil philosophique sur le plaisir ou la peine dont le goût peut être l’occasion.