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DES ALIMENTS.

avec une soumission implicite, espèrent bien aussi être imités par leurs enfants ;

2° Les impatients, qui, abhorrant l’inactivité à table, ont contracté l’habitude de se jeter immédiatement sur la première matière qui se présente (materiam subjectam) ;

3° Les inattentifs, qui, n’ayant pas reçu du ciel le feu sacré, regardent les repas comme les heures d’un travail obligé, mettent sur le même niveau tout ce qui peut les nourrir, et sont à table comme l’huître sur son banc ;

4° Les dévorants, qui, doués d’un appétit dont ils cherchent à dissimuler l’étendue, se hâtent de jeter dans leur estomac une première victime pour apaiser le feu gastrique qui les dévore, et servir de base aux divers envois qu’ils se proposent d’acheminer pour la même destination.

Les professeurs ne mangent jamais de bouilli, par respect pour les principes et parce qu’ils ont fait entendre en chaire cette vérité incontestable : Le bouilli est de la chair moins son jus[1].

§ III. — des volailles.

34. — Je suis grand partisan des causes secondes, et crois fermement que le genre entier des gallinacées a été créé uniquement pour doter nos garde-manger et enrichir nos banquets.

Effectivement, depuis la caille jusqu’au coq-d’Inde, partout où on rencontre un individu de cette nombreuse famille, on est sûr de trouver un aliment léger, savou-

  1. Cette vérité commence à percer, et le bouilli a disparu dans les dîners véritablement soignés ; on le remplace par un filet rôti, un turbot ou une matelote.