Cependant ces différens usages d’enterrer les morts au milieu des villes, dans les cimetières et dans les églises, avaient de graves inconvéniens. Quand venait la décomposition de tous ces corps, déposés souvent à peu de profondeur, dans le sein de la terre, des exhalaisons putrides et malfaisantes s’élevaient de ces dépôts du trépas, portaient les ravages parmi les vivans, leur causaient souvent des maladies contagieuses, et les faisaient, avant leur terme, descendre dans ces tombes qui les avoisinaient.
Mais tel était alors l’empire de la superstition, que, malgré les exemples fréquens des accidens causés par cette trop grande proximité des cimetières, les hommes ne pensaient pas même qu’il leur fût permis de les éloigner. Des odeurs cadavéreuses et pestilentielles s’élevaient sans cesse des tombes et des caveaux creusés sous les églises, et les prêtres qui les respiraient continuellement, et les fidèles, que souvent elles suffoquaient, ne songeaient point à s’en plaindre.
Il fallut que les hommes s’éclairassent, et que la superstition perdit de son autorité, pour qu’enfin le bon sens se fit entendre, et qu’on pût se persuader qu’il était dangereux d’habiter trop près des cimetières.
Cette utile révolution, désirée depuis long-temps par tous les hommes qui s’occupent de l’art sanitaire, n’eut cependant lieu que dans le siècle dernier. Paris commença à donner l’exemple, et ce fut lorsqu’enfin le sage et paternel gouvernement de Louis XVI se fut convaincu de l’urgence d’éloigner ces foyers de contagion, qu’on s’occupa d’abord de fouiller le charnier des Innocens, et de transporter tous les ossemens qu’on y trouva dans le vaste dépôt des catacombes (voyez ce mot). Ce cimetière, l’un des plus encombrés de Paris, était surtout dangereux par sa position, au milieu du quartier le plus populeux de la capitale. La fouille en fut terminée, en 1788. On défonça