Page:Picard - La case de la prière, légende acadienne pour Noël, 22 déc 1900.pdf/6

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resté ici, est parti hier, m’a-t-on dit, pour la grande case des délibérations.

Il voulut connaîtra mon nom. Dès que je le lui eus dit :

— Tu as écrit sur les malheurs des habitants de la Câdie (c’est ainsi qu’il prononça le nom de l’Acadie), tu as parlé de la fidélité de mes aieux, ton nom est cher aux Micmacs.

Il pencha sa tête branlante — il avait près de quatre-vingts ans — et s’absorba dans ses pensées.

Durant ce temps, je lui préparai un lit afin qu’il pût se reposer de cette journée de fatigues, d’angoisse.

Après quoi, je revins m’asseoir près de lui.


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Se redressant, le vieillard secoua la cendre de sa pipe.

— Je vais, me dit-il, te conter un fait que vit mon grand-père et qu’il a souvent rappelé aux veillées d’hiver, quand j’étais encore bien petit. Mon père nous l’a redit alors que déjà j’avais vu vingt fois reparaître les fleurs de nos bois ; c’est te dire que je suis presque témoin occulaire de ce fait.

« C’était en l’année de la suprême malédiction des Longs-Couteaux.

« Vainement, mon grand-père, le vaillant Renard-Blanc — ainsi nommé à cause de sa prudence, et parce qu’il portait toujours une grande couverture de laine blanche sur les épaules — et les autres chefs souriquois, au courant des cruels desseins des Habits-