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De la main droite, le vieillard relève un pan de cette couverture jusqu’à la hauteur de ses yeux qui brillent sous ces loques ; le chapeau est aussi délabré que la couverture. Des mocassins servent de chaussures à l’homme.

Dans le regard qu’il fixe sur moi, je m’imagine voir un désespoir si navrant ; sa démarche me semble si chancelante, que je lui demande s’il est malade.

— J’ai froid !… j’ai faim !… murmure-t-il en un souffle.

— Venez chez moi, lui dis-je. Il me reste un peu de bois, nous partagerons mon pain.

En arrivant chez moi, j’installai le vieillard du mieux que je pus ; je fis de la lumière, allumai un feu dans lequel je mis du bois sans songer au lendemain, le pauvre homme était transi !

Je vis alors qu’il avait le teint cuivré, les pommettes fortement saillantes, les yeux vifs et perçants, de longs cheveux plats qui avaient dû être noirs.

Après l’avoir réconforté autant que je le pouvais, je lui demandai s’il habitait Montréal.

Malgré sa réserve et une réelle timidité, il me répondit :

— Je viens des rives de la Baie Française ; j’appartiens à une tribu de Micmacs et je suis un de leurs chefs. J’espérais rencontrer ici quelqu’un des sachems de votre nation et lui demander aide et protection pour ma tribu. Mais le plus puissant, dernier