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Page:Picard - Quelques réflexions sur la mécanique, suivies d’une première leçon de dynamique.djvu/29

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DE L’EXPLICATION MÉCANIQUE DES PHÉNOMÈNES NATURELS.

Nous venons de nous placer à un point de vue analytique et abstrait ; en restant dans le même ordre d’idées, on peut donner quelquefois une forme plus concrète à ces considérations. Supposons que deux phénomènes différents conduisent au même système de relations différentielles ; ils sont alors les modèles l’un de l’autre, et pour une même catégorie de phénomènes il peut y avoir plusieurs modèles. Remarquons, d’une manière générale, que les images que notre esprit se forme des choses sont des modèles de ces choses ; ainsi, dans un système où il y a des masses cachées, c’est-à-dire inaccessibles à l’observation, nous ne pouvons faire autre chose que de créer pour lui des modèles sans pouvoir effectivement atteindre la réalité. L’accord entre l’esprit et la nature est, dans cet ordre d’idées, comparable à l’accord entre deux systèmes qui sont modèles l’un de l’autre.

Il semble alors que chacun soit libre de chercher des modèles différents. Il est bien vrai, en raison même de l’indétermination du problème, que les modèles peuvent être variés dans une certaine mesure ; mais l’histoire de la Science montre cependant que cette variété est très limitée. Il faut, en effet, que nos représentations soient