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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/300

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SABBAT

vieillesse craquait comme du bois de myrte desséché au feu des pierreries. Plus de combat, entre vous et moi, dans l’azur épique. En vous employant le mieux possible et selon vos capacités réduites, Archange dégénéré, aux petites catastrophes de tous les jours, oubliez donc que vous avez foulé aux pieds, en ma personne casquée d’un firmament, bardée de colère et qui, pourtant, consentit à sa défaite, car il fallait bien un Dragon-martyr — voyons ! — dans les fastes du monde…

L’Archange, subjugué et timide. — …Que dois-je oublier ?

Satan. — Qu’en ma personne qui n’était que danse, étincelles, tentation, vous avez foulé aux pieds Sodome et Gomorrhe, les ardentes ; Ninive, la voluptueuse, ouverte sur le Tigre ; Byzance, ce bazar vendant des yeux d’esclaves et des soleils d’Empereurs ; Babylone, la débauchée, couchant, tous les soirs, son ombre sur son Balthazar odorant : le Paradis terrestre où mes mille prunelles étincelaient, plus des trillions et des trillions de joyaux semés sur mes écailles, plus le sourire de toutes les pécheresses de tous les temps qui ont, dans leurs rêves, baisé, au moins sept fois par nuit, ma gueule rose…

L’Archange, songeur, à part. — Pourquoi n’étais-je pas le Dragon ?

Les larmes. — Satan ? La joie.

Le bonheur. — Satan ? Les larmes.

La musique. — Satan ? Le dernier accord majeur.