Page:Pichot - Le Dernier roi d'Arles, d'Amyot, 1848.djvu/62

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SUR AELES. 51

les villes, que ces races dont le nom rappelle un grand exemple de vertu ? Ce sont leurs monuments vivants, auxquels elles doivent encore plus tenir qu’aux monuments de pierre. Un Porcelet avait été Tami dévoué de Richard Cœur de Lion, et il avait sauvé la vie de ce prince à la croisadOy en s’écriant : «C’est moi qui suis le roi ! » au moment où un Sarrasin allait le frapper. Quelques privilèges dont jouissaient les Porcelet se fondaient sur des services on de nobles actions. Les pécheurs d’Arles leur portaient chaque année, au son des fifres et des tambourins, le premier esturgeon qu’on prenait dans le Rhône. Ils avaient un droit de grâce en faveur des criminels condamnés. A une croisée de leur hôtel on a longtemps respecté un treillis en fer, élevé à cinq pieds de terre ; et heureux le condamné qui pouvait y atteindre et s’y cramponner, lorsqu’il allait par les mes faisant amende honorable ! Leur blason à armes parlantes (cTor, à un pourceau passant, de sable) y. et leur écu représentant une laie avec neuf marcassins, s’expliquaient par une tradition moins glorieuse pour eux, mais qui donnait une frappante leçon de charité chrétienne. Une jeune dame avait rudoyé une pauvresse demandant l’aumône avec deux ou trois enfants dans ses bras, sous prétexte que les pauvres n’avaient pas besoin de faire tant d’enfants. « Eh bien ! avait répliqué la mendiante, fée déguisée sans doute, pour vous punir, vous ferei à vos prochaines couches autant d’enfants que cette truie qui se vautre là au soleil fera de porcelets. » La truie en fit neuf, et la dame accoucha du même nombre d’enfants , qu’on surnomma les Porcelets. Arles ne joue plus qu’un rôle secondaire sous les successeurs de Charles d’Anjou : elle resta fidèle à Jeanne de Naples dans toutes les péripéties de sa tragique histoire.