Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa personne au service que je veux rendre à une famille respectable, j’aurais pu penser que c’était Dieu qui vous envoyait dans ses secrets desseins. Que ce que je dois vous dire reste à jamais un secret entre nous, soit que vous acceptiez ou non. Une jeune fille, entraînée par un infâme et lâche séducteur, a manqué à ses devoirs ; toute réparation est impossible de la part de l’homme qui l’a abusée ; sa faute va devenir visible à tous les yeux, et couvrir de honte une famille pieuse, qui avait peut-être eu le tort jusqu’ici de mettre quelque peu d’orgueil dans l’irréprochable rigorisme de sa vertu. Il n’est rien qu’on ne fasse pour prévenir le scandale qui peut naître d’un tel événement. La fille a osé tout avouer à son père, tout, excepté le nom de l’homme qui l’abandonne, liée qu’elle est par d’affreux serments, et parce que ce nom même aggraverait peut-être encore sa honte et celle des siens. L’infortunée a tout à redouter et de la colère de son père et de son propre désespoir. En cette crise, où, hélas ! on pense plutôt à détourner de soi les regards moqueurs des