Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chanté. En se rendant bien éveillé à la demeure terrestre de la jeune Arlésienne, le capitaine de hussards n’avait pas en lui assez de la folie de don Quichotte pour se rappeler ces songes sans sourire de leur fantasmagorie ; mais une idée qui avait préoccupé plus d’une fois les loisirs de sa convalescence lui revint à l’esprit lorsqu’il traversa le pont d’Arles à Trinquetaille (car c’était dans ce faubourg qu’habitait Odille). Je ne sais s’il entretenait quelque théorie superstitieuse sur l’affinité des âmes, sur l’attraction passionnée, sur le magnétisme des sentiments, comme on voudra l’appeler ; mais il s’était dit à plusieurs reprises, et il se disait encore : « Après une rencontre si extraordinaire, quand j’ai si souvent rêvé d’elle, et si souvent pensé à elle, il est impossible qu’elle n’ait pas rêvé de moi et pensé à moi. Certes la circonstance en vaut bien la peine : une jeune fille de dix-sept ans ne sauve pas tous les jours la vie à un capitaine de hussards. Elle a été évidemment embarrassée, il y a une heure, en apercevant mon bonnet de police ; je suis curieux de savoir si ma visite