Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/147

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très humbles serviteurs de la Sainte-Alliance ? Ainsi donc, mon cher Mazade, je ne suis pas un boudeur ; je n’ai fait de la paix que les Bourbons nous donnent que ce que j’eusse fait de celle que Napoléon nous eût donnée, si toutefois la paix eût jamais été possible sous son règne. J’aurais eu mauvaise grâce à le dire lorsque le canon grondait encore ; mais apprends ce que je pensais depuis long-temps : je m’étais trompé en embrassant la carrière militaire. J’avais cru en enfant que j’étais né pour être un héros. Je m’étais laissé enivrer du bruit du tambour, ou plutôt, dans mes rêves d’indépendance, je me figurais que l’état de guerrier était l’état le plus libre du monde. Je m’aperçus trop tard que c’était celui où il y a le moins de liberté. Quand, désabusé par ma triste expérience, je vis que j’avais naïvement confondu un capitaine de cavalerie au dix-huitième siècle avec un paladin du moyen âge, je me promis bien de ne pas mourir sous mes harnais brodés, si les boulets daignaient ne m’emporter qu’un membre. Voilà pourquoi j’ai saisi avec empresse-