Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/148

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ment la première occasion de suspendre mon épée au foyer domestique, persuadé, suivant la maxime du cardinal de Retz, que « chaque condition des hommes a sa réputation particulière, et que l’on doit estimer les petits par la modération, comme les grands par l’ambition et le courage. » Juge si j’ai ri quand j’ai appris par ta lettre que mon cousin maternel, Théodose d’Armentières, après avoir fait trois hommes sous l’empire pour éluder la conscription, les gardes d’honneur et la garde nationale mobile, s’était bravement enrôlé dans la maison rouge. Là, par exemple, mon cher Mazade, quelque respect que j’aie pour le souverain légitime, il y aurait pour moi plus que servitude ; ce serait la domesticité. Je n’envie donc pas à mon cousin son soudain héroïsme et son élégant uniforme. Pour toi, mon ami, je te plains : pauvre soldat de fortune, ayant au fond de ta sabredache ton bâton de maréchal, et condamné à rester lieutenant peut-être toute ta vie. Adieu l’avancement, surtout si ta mauvaise tête te fait mettre sous peu à la demi-solde, comme