Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait envoyé pour gouverner militairement le 3e arrondissement des Bouches-du-Rhône. La réaction n’aurait pu trouver un chevalier plus digne de la représenter. Avec un œil de moins, une jambe boiteuse et je ne sais combien d’autres cicatrices de Mars et de Vénus, le colonel Magnier avait une brutalité de langage et de procédés qui n’aurait pas mal été à un chef de bandits. Autour de son drapeau s’était ralliée une soldatesque bourgeoise, composée des véritables enfants perdus de la bonne cause, et qui comprenaient à merveille sa justice expéditive.

— Mes camarades ! disait-il souvent à ces janissaires de la légitimité, les jacobins et les bonapartistes sont les ennemis nés du roi et des royalistes ; pendez-les de peur qu’ils ne vous pendent. Dites à ceux qui se plaindront que c’est le Borgne qui vous commande, ils ne vous demanderont pas leur reste. J’ai encore un de mes yeux pour les voir, un de mes talons pour les écraser.

C’est une grande preuve du bon caractère des Arlésiens, qu’ils n’aient pas, avec un