Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/33

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mille morceaux, et le buste de Napoléon, un beau buste de marbre, si je m’en souviens, donné à Arles par le ministre de l’intérieur au nom de l’empereur, avait été précipité ignominieusement du balcon de l’Hôtel-de-Ville aux acclamations du peuple. Il serait en un mot assez difficile de décider si, dans le royalisme d’alors, nos méridionaux, exaltés en tout, n’avaient pas plus de haine pour l’empereur déchu que d’amour pour le roi restauré. L’amour seul n’eût pas enfanté tant de fautes et de folies : la haine produit le délire, le moins noble des deux et le plus dangereux. Je ne fais pas du reste ici le procès à mes compatriotes, mais plutôt au gouvernement impérial. Quand un gouvernement excite un pareil sentiment, tous les torts ne sauraient être du côté des populations qui se croient opprimées. Napoléon, en abusant de tout, et même de la gloire, avait seul rendu possible l’avénement d’un successeur qui n’avait d’autre mérite que de n’être pas Napoléon ; d’un prince devenu à demi Anglais par les habitudes de l’exil, inconnu à la gé-