Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chand. Le grade de cet adversaire, son brillant uniforme et sa taille de cinq pieds cinq pouces ne firent qu’enflammer son jeune courage ; notre gamin arlésien lui courut sus, et, sans crier gare, lui appuya l’extrémité aiguë de sa lance gastronomique à la hauteur de la poitrine. L’officier, à ce choc imprévu, recula, mais l’adolescent avançait toujours, et je ne sais s’il n’eût pas fini par pousser plus vivement sa longue lardoire, et clouer l’officier contre le mur sans éprouver plus de remords qu’un naturaliste qui transperce un papillon avec une épingle. La chose était fort à craindre, l’enfance est impitoyable, et telle fut du moins l’idée de tous ceux qui virent cette scène, entre autres, une jeune Arlésienne de seize à dix-sept ans qui, passant au Plan de la cour avec une sœur aînée, jeta un cri d’effroi, et se précipitant entre l’officier et son téméraire antagoniste, écarta fort heureusement le fer hostile. Mais au même instant une pierre lancée par une main invisible, coup fatal dont personne ne s’est jamais vanté, soit que ce fût un soldat qui l’eût adressé à l’enfant, soit plutôt un