Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/66

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curien Chapelle ; et je doute qu’il lise souvent ces auteurs ou d’autres, quoiqu’il ait beaucoup de loisirs ; mais, s’il n’est pas lettré, ce n’est pas non plus un de ces simples et gauches provinciaux que les auteurs parisiens aiment à introduire dans leurs vaudevilles. Dumarsais, dans son Traité des Tropes, dit qu’il n’y a pas de lieu où il se fasse plus de tropes et de figures qu’à la Halle ; je ne sais pas de lieu où l’on entende autant de bons mots, de saillies, de contes à mourir de rire que dans un café d’Arles, quand un de nos joyeux bourgeois est en verve ; seulement ce sont plutôt des contes, des bons mots et des saillies d’atelier que d’académie. Comme le comique de Molière, ce prétendu patois est intraduisible dans une autre langue. Or, l’esprit arlésien, si fécond dans les cafés, n’est pas non plus muet ni timide auprès des femmes, je vous assure ; et puis je vous disais que le galant du pays a beaucoup de loisirs. Vif, brusque, impétueux, facile à rebuter pour tout le reste, il sait au besoin s’imposer la qualité indispensable à l’amant et au chasseur, la patience.