Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voilà comment il est aussi fort en amour qu’à la chasse. Quand il part le matin en promettant de revenir avec du gibier, devrait-il faire le tour de la poudreuse Camargue, et le tour encore de la pierreuse Crau, il ne reviendra pas au logis sans gibier. — Quand il s’est dit qu’il touchera le cœur d’une belle, devrait-il pendant un mois, matin et soir, passer régulièrement devant sa porte, la suivre comme son ombre à la messe et à vêpres, au marché et à la poissonnerie, aux processions et aux courses de taureaux ; devrait-il laisser venir sa barbe longue de désespoir, ou renouveler chaque jour sa toilette, se faire passer pour fou s’il avait jusqu’ici gardé son bon sens, ou pour sage si on ne s’entretenait auparavant que de ses folies, tout lui sera possible et facile pour que la belle ne voie que lui, n’entende parler que de lui. Est-ce un miracle si elle se montre sensible enfin, après tant de persévérance, pour un cavalier qui est généralement bien fait d’ailleurs de sa personne, qui a bon air à pied comme à cheval, qui renverse adroitement un bœuf en le saisissant par les