Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/71

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après-midi, dans un café du port où les galants de la ville jouaient leur souper à je ne sais quelle partie, au tricon peut-être, si ce jeu était déjà en vogue, Babandy entra tout-à-coup, la tête haute, avec son air riant et un peu mystificateur du temps de ses bonnes fortunes, mais surtout ayant sur l’oreille un chapeau tout neuf, et vêtu d’un superbe habit de la coupe la plus moderne.

— Oh ! oh ! s’écria le premier qui le remarqua, c’est du plus loin qu’il m’en souvienne : voilà Babandy ! Sommes-nous à Pâques ? les morts ressuscitent aujourd’hui.

— Eh mais ! dit un autre, comme il est brave et beau ! on dirait son habit de noces. Bonsoir, Babandy ; est-ce que tu te marierais aujourd’hui, par hasard ?

— Pas aujourd’hui, mais cela ne tardera pas, répondit Babandy avec cet air de fausse insouciance qui excite toujours la curiosité, parce qu’il laisse deviner l’intention de ne cacher qu’à demi un secret.

— En effet, pourquoi pas ? dit un troisième de ses anciens amis, si tu épousais avec une bonne dot la fille d’une de ces sangsues