Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/70

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tresse. La Récalimande le nourrissait et l’hébergeait à Arles depuis qu’il n’avait plus de maison, et Babandy payait son écot avec les produits de sa chasse, car il avait vendu son cheval, mais il avait gardé son fusil ; et désormais, plus braconnier que chasseur, il tuait assez de gibier pour que la Récalimande en pût porter au moins quelques pièces aux marchés du mercredi et du samedi. En un mot, Babandy était, disait-on, « un homme éteint, un galant de l’autre siècle. » Déjà plusieurs galants s’étaient emparés sans objection de son surnom de Bel Amoureux ; et même ceux qui le rencontraient dans son costume de chasseur errant, percé au coude et au genou, avec un chapeau déformé, étaient tentés de lui appliquer, dans le sens le moins poétique du mot, un autre sobriquet qui ne se prend pas toujours en mauvaise part à Arles ; Babandy lou Kalignaïre était devenu Babandy lou Gû[1].

Ce fut donc un événement, une chose qui ne pouvait qu’être remarquée, lorsqu’un

  1. Babandy le Gueux, le Bandit.