Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/97

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gne elle-même n’avait plus de calme ni de silence pour moi. Des voix amères venaient me railler là aussi dans le chant des oiseaux, comme dans le mugissement du mistral. Dieu te préserve, mon ami, de ce spectre qui poursuit sans cesse l’homme misérable par sa faute, et qui, dans un horrible tête-à-tête, dans la veille comme dans le sommeil, emprunte tour à tour la forme de ses anciens vices et celle de ses privations actuelles, pour lui conseiller le désespoir ou le crime… Oui, le crime ; car il y avait des moments où, confondu par son atroce logique, je me sentais capable de tout pour m’arracher à mon existence vagabonde, et où, appuyant le doigt sur la détente de mon fusil, je souriais avec amertume en pensant que je tenais là de quoi terminer en quelques secondes ma vie… ou celle d’un autre, si quelque riche proie se présentait sur mon chemin.

Un soir, c’était à l’époque du retour de Beaucaire, mes courses à travers la Camargue m’amenèrent sur les bords du Rhône, là où je ne sais plus quelle avarie retenait, à