Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/99

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et moi-même, car je n’osais me demander si c’était ma conscience ou ma lâcheté qui venait de sauver ces quatre malheureux.

Le lendemain, je me rapprochai de la ville, mais j’attendis la nuit pour y entrer ; et, en traversant le pont de Trinquetaille, ayant rencontré deux de mes anciens amis qui y prenaient le frais au clair de la lune, je détournai la tête, sentant que la rougeur me montait au visage. Arrivé devant la porte de la maison où je couchais ordinairement, je n’osai pas mettre la main sur le marteau, et, passant outre, je ressortis d’Arles par la porte du Marché-Neuf, continuant à fuir toute la nuit dans la campagne, et tressaillant au moindre bruit, comme un criminel ; car, innocent devant les hommes, j’avais tout un enfer de mauvaises pensées dans le cœur. Après avoir erré une heure dans les Champs-Élyscamps et autour de Notre-Dame-de-Grâce, je me trouvai près du cimetière, et je m’y glissai, espérant y combattre par un autre genre de terreur les terreurs de mon imagination malade. Pendant que je marchais là les yeux baissés, je vis