Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/101

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embrasser sa tante ; mais en entrant dans le salon, il fut ébloui par l’éclat des lumières et surtout par la vue de vingt à trente personnes dont sept à huit dames en demi-parure. Madame Babandy, obligée de tenir tête à tout ce monde, ne pensait pas d’ailleurs, quoique prévenue de l’arrivée de son neveu, qu’il entrât aussi brusquement ; mais elle s’avança vers lui, le serra dans ses bras avec des transports qu’elle n’essaya pas de contenir, et, l’attirant en un coin de l’appartement où il y avait une causeuse, fixa sur son visage ses yeux humides de larmes pour y retrouver les traits chéris de sa sœur.

Ces surprises et ces reconnaissances sont tout ce qu’il y a de plus antipathique aux habitués d’un salon parisien, à qui elles semblent toujours une répétition bourgeoise de quelque situation dramatique du Vaudeville ou du Gymnase. Au bout de quelques instants, les acteurs les plus naturels et les plus vrais de ces scènes imprévues, s’apercevant qu’ils sortent de la limite des émotions permises devant le monde, sont forcés de couper court à leurs sentiments les plus doux et de