Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/110

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trois qu’il jetait au feu aussitôt qu’une expression trop franche de sa tristesse lui faisait craindre d’inquiéter sa mère :

« Me voici enfin à Paris depuis trois heures, ma bonne et tendre mère. Je te raconterai un autre jour mon voyage ; je ne veux ce soir que l’annoncer mon arrivée, te parler de ta sœur et te dire mes premières impressions, quitte à les rectifier plus tard. On m’avait bien averti que souvent la première vue de la capitale inspirait plutôt un abattement inexplicable que cette exaltation de l’intelligence qu’on devrait ressentir en pénétrant dans ce grand foyer de toutes les lumières. Il faut que cette sensation soit produite par l’air qu’on respire sur les bords de la Seine, car je la subis déjà sans avoir pu encore voir Paris. Nous y sommes entrés deux heures après le coucher du soleil, et par un brouillard épais. Je n’ai distingué ni maisons, ni rues, ni figures d’hommes et d’animaux à la lueur terne des réverbères qui me montraient tout juste les ténèbres visibles de Milton, nuit lugubre où j’étais étonné d’entendre une horrible confusion de bruits, et plus étonné