Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/160

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très bon garçon. Je n’attaque jamais le premier, et puis je fais toujours la guerre littérairement ; il y a des critiques qui vous harcèlent dans votre vie privée, qui calomnient votre caractère ; moi, plus impartial, quand j’en veux à un auteur, je ne déchire que ses ouvrages : je conviens volontiers qu’il est un honnête homme, s’il l’est toutefois, ce qui devient rare ; je respecte sa femme, j’honore sa famille, je ne méprise que son style. Gare à lui lorsqu’il lui échappe une faute de ponctuation !

— Grâces à ces distinctions délicates, en trouves-tu beaucoup qui rendent hommage à ton impartialité ?

— Je reçois plus d’hommages que tu ne crois, mon cher.

— Quoi ! et tu n’as pas d’ennemis ?

— J’en ai, certes, je m’en vante et je n’en suis pas fâché. Je leur dois ma verve et mon crédit ; mes amis ne voudraient plus de mes éloges si je louais tout le monde. Quand je loue quelqu’un, je ne reçois tout au plus qu’un remerciement ; mais quand je fais justice d’une réputation usurpée, je suis acca-