Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/161

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blé de lettres complimenteuses. Il faut voir, si je parais au foyer d’un théâtre le soir d’un article sévère, quelle cour se groupe autour de ma seigneurie !

— Décidément, tu es une puissance ; tu as tes courtisans et tes tributaires.

— Je t’assure que je suis bon prince.

— Et tu ne crains pas le refus de l’impôt ?

— Mon ami, tu ne sais pas combien je suis désintéressé, insouciant ! Que d’ingrats qui, une fois que je les ai vantés, savent bien que je suis trop loyal pour me dédire comme tant d’autres feuilletonistes qui brisent eux-mêmes les idoles qu’ils ont encensées ! ils vivent sur mes éloges comme s’ils n’avaient plus besoin de faire renouveler leur passeport pour la gloire de temps en temps ! Au reste, je ne suis pas fâché de pouvoir citer quelques grands hommes de ma façon parmi mes débiteurs et mes envieux ; ils sont là pour témoigner de mon intégrité incorruptible. Je ne parle que des auteurs ; je suis moins indulgent envers les libraires ; ceux-ci sont des pirates, et l’on peut leur courir sus sans lettre de marque ! on ne leur enlève jamais