Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/20

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glace de leur cérémonie. La plupart des provinciales qui arrivent à Paris se croient obligées de vous aborder par de grands compliments admiratifs ; si vous leur répondez par une politesse simple, naturelle, elles vous disent fière ; si vous voulez les ramener à la familiarité affectueuse d’une ancienne amitié, elles vous disent méprisante. Les recevez-vous seules, c’est que vous ne les croyez pas dignes de votre société habituelle ; les invitez-vous lorsque vous avez du monde, elles se sentent gênées, et vous accusent de les avoir voulu embarrasser ou éblouir. Je me suis aperçu enfin, patois et accent à part, que ces personnes et moi nous ne pouvions nous entendre parce que nous ne parlons plus la même langue, et qui pis est, ne vivons plus des mêmes idées. Voilà ce qui m’empêche de regretter, ma bonne sœur, de n’avoir pas repris le chemin de Trinquetaille, il y a douze ans, alors que, dans mon deuil et mon humiliation, je sentis bien que je n’avais plus que deux êtres à aimer sur la terre, toi là-bas, ma fille ici. Ce n’est pas à toi, j’espère, que j’aurais besoin de protester qu’en cette heure