Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/21

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de désespoir je ne croyais choisir qu’entre deux solitudes, ta ferme de Camargues ou mon pavillon à Bellevue, et qu’il m’était impossible de calculer que peu à peu je me laisserais aller à accepter ces distractions, par lesquelles je me suis quelquefois étourdie bien plus que consolée.

» Quoi qu’il en soit, ma sœur, si je consens à passer pour légère aux yeux de tous, je ne veux à aucun prix accepter aux tiens cette réputation. Je réclamerai de toi, jusqu’à ce que je m’en croie indigne, ton amitié de sœur ; je la réclamerai au nom de tous mes sentiments, toujours les mêmes ; au nom des dernières paroles de notre mère, au nom de nos mutuelles promesses. Je n’en ai oublié aucune. Aussi est-ce avec joie que j’apprends que ton Paul te rend justement la plus fière des mères. Je ne le suis guère moins de mon Isabelle ; j’espère que tu voudras bien m’envoyer le portrait de notre jeune avocat ; cependant il serait plus naturel que l’original vînt en personne plaider sa cause. Nous sommes encore une jeune pensionnaire, mais nous avons déjà dix-sept ans. J’abandonne