Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/267

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faisait jour, et j’avais retrouvé un moment la faculté de réfléchir pour me railler moi-même de ma peur, en me disant que la vision du jardin et le rêve de ma chambre n’ont été qu’un seul et même rêve. J’espérais aussi qu’en revoyant avec vous cette allée où Maurice m’est apparu, je reconnaîtrais moi-même combien mes sens m’ont abusée…. Eh bien, je ne sais pourquoi je frissonne encore comme si je retrouvais l’empreinte réelle des pas du fantôme. Je vous l’avoue, je me sens toute troublée, mon ami ; je subis malgré moi, ici, à la clarté du soleil, je ne sais quelle sensation indéfinissable ; n’est-ce qu’une suite de ma frayeur de cette nuit, ou un pressentiment de ma mort prochaine ?

Paul chercha à rassurer la pauvre Odille par tous les arguments que son imagination et son bon sens purent tour à tour lui suggérer ; mais peu content de ses propres raisons, et jugeant ce rêve ou cette vision comme un cas tout-à-fait pathologique, il vit avec plaisir arriver à son secours le bon et spirituel docteur de Bellevue, qui venait faire sa visite de médecin et d’ami. Quelque