Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/308

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à passer pour Antoine de l’Étincelle ; je ne réclamai de lui que de ne pas me désavouer pendant quarante-huit heures, puisqu’il partait le lendemain, et que j’espérais, à l’aide de cet innocent subterfuge, pouvoir m’embarquer sur le même navire. Quant à de l’argent, je n’en demandais ni pour moi ni pour personne, et là-dessus je dus faire un petit panégyrique de ma moralité.

M. le marquis de l’Étincelle ne se rendit pas si facilement : depuis trois semaines qu’il avait quitté Paris, sa bile concentrée et contenue avec effort faisait explosion ; il s’emparait du premier venu qui lui parlait de son fils, pour se décharger, au moins en partie, du poids de la colère qui l’étouffait, sans se douter qu’il imitait encore justement ces honnêtes pères de Molière avec lesquels il s’irritait d’avoir été insolemment confondu.

En ce moment un garçon entra dans la chambre pour avertir qu’un agent du capitaine du port et un gendarme réclamaient les papiers des voyageurs qui s’embarquaient le lendemain.

— Monsieur, dis-je avec quelque fierté au