Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/309

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marquis de l’Étincelle quand le garçon fut hors de la chambre, je ne vous devrai pas la liberté ou plutôt la vie malgré vous ; voilà ce passeport qu’il faut que je remette tout à l’heure si je veux partir demain : déchirez-le si dans votre justice vous ne croyez pas pouvoir vous rendre complice d’un innocent subterfuge auquel votre fils a prêté la main. Je ne m’exposerai pas à recevoir le démenti d’un vieillard ; je vous accepte pour juge et non pour ennemi.

Il paraît que le marquis de l’Étincelle avait éprouvé quelques cruelles mystifications de son fils, et qu’il se défiait de toutes les phrases qui avaient un air de tragédie ou de rhétorique. Sa fille craignit du moins que sa réponse ne fût pas ce qu’elle devait être, car elle se leva en ce moment, et avec un accent à la fois respectueux et ferme : — Mon père, me dit-elle, n’a pas oublié qu’il a été émigré, condamné à mort et sauvé par miracle : vous vous dites proscrit, monsieur ; vous pouvez à ce titre vous dire son fils et m’appeler votre sœur.

À ces paroles, prononcées dans une crise