Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/338

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officiers. Bénavidès méditait une grande expédition contre le Chili, et il avait surtout le projet d’organiser un régiment à cheval. La recommandation du Hussard et mon uniforme me valurent d’être accueilli très favorablement. Considérant comme une chose convenue (fable ou vérité… peu lui importait) que j’étais parti exprès de France pour faire la guerre sous son drapeau, il me communiqua une partie de ses plans, pour entrer en en matière. Dans toute autre occasion, j’aurais pu moins facilement me laisser gagner à l’enthousiasme de son audace, bien que ces hommes d’action exercent un singulier ascendant sur les esprits les plus froids ; mais j’acceptai le rôle que m’avait préparé le Hussard, en pensant que je n’avais que ce moyen de procurer à Dolorès la facilité de gagner quelque ville espagnole, d’où elle se rendrait sans moi au sein de sa famille ; car, lorsqu’elle n’était pas devant mes yeux, je croyais encore que j’aurais le courage de lui avouer que je ne pouvais lier mon existence avec la sienne.

J’avais un tel besoin d’écarter les souvenirs du passé, et déjà le présent se remplissait pour mon âme de tant d’amertume, que peu à