Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/372

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qu’à respecter réciproquement la situation nouvelle dans laquelle cette erreur fatale nous a placés l’un à l’égard de l’autre.

Si votre mari vivait, madame, et que la loi du divorce eût été rétablie, il l’invoquerait lui-même, non plus en sa faveur comme lorsqu’il vous croyait coupable, mais en la vôtre pour vous rendre libre… En l’absence de cette loi, avant de mettre de nouveau la mer entre vous et lui, avant d’aller s’ensevelir dans la solitude où sa destinée lui aurait donné un nouveau nom et une nouvelle compagne, il vous remettrait ces pièces attendues par vous, et qui, constatant sa mort irrévocablement, vous autorisent à vous dépouiller vous-même d’un nom qui ne peut plus être pour vous qu’une sorte de pénible souvenir.

— Voilà bien comme les hommes nous jugent d’après leurs propres cœurs. Au bout de douze ans d’une mort vraie ou supposée, quelle est la femme qui n’a pas oublié son premier lien ? Si cette femme n’a pas joué surtout pendant douze ans le drame tout extérieur d’un deuil d’apparat ; si le sourire a reparu sur ses lèvres ; si elle s’est mêlée de