Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/373

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nouveau à la foule ; si, dans son isolement et sa faiblesse, elle s’est moins défiée du monde que de la retraite ; si, victime des convenances et de l’opinion, cette femme a paru se résigner à un lien nouveau ; oh ! sans doute, son cœur aussi est consolé de son veuvage ! c’est une femme légère pour le moins ; on peut évoquer sans danger pour elle le fantôme de son premier amour, ressusciter une image chérie, et lui dire froidement : si celui que vous avez aimé vivait encore, il n’aurait à vous offrir que le sentiment d’une tardive estime, achevez donc de l’oublier.

— Croyez, madame, qu’en se présentant inopinément à votre vue, celui qui vous a effrayé cédait lui-même à un invincible entraînement ; qu’il ne pensait qu’à revoir des lieux où le bonheur lui avait souri autrefois ; et que, sans cette rencontre imprévue, il se fût contenté peut-être de ces secrets adieux, ignorés de vous-même. S’il s’est décidé à venir vous remettre ces papiers qui vous rendent libre, c’est qu’il s’est imaginé avoir été trahi à la fois par son imprudence et par l’indiscrétion d’une fille bien aimée. Cette fille,