Aller au contenu

Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/403

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dit M. de l’Etincelle ; mon bonheur n’est pas pur comme le tien qu’aucune réflexion ne trouble : telle est la bizarrerie de ma destinée, que je n’ai plus que le choix entre deux ingratitudes et deux injustices… Ce matin encore, tout en déplorant ma facilité à croire aux torts d’une femme bien-aimée, tout en cédant à ton conseil de ne pas lui dire un éternel adieu sans lui avoir avoué mes propres torts, je me félicitais de pouvoir penser qu’elle ne m’aimait plus assez, après douze ans de veuvage, pour ne pas se contenter de la seule réparation que je venais lui offrir. Je ne croyais être moi-même indécis qu’entre deux devoirs, je le suis maintenant entre deux amours. Ma franchise exige que j’apprenne à Odille les secrets de mon exil ; tous les droits sont de son côté, mais je ne puis lui laisser ignorer ce qu’il m’en coûte pour les reconnaître : il faut qu’elle sache tout ce qui s’est passé dans mon cœur depuis douze ans, et quel changement s’est fait dans mon caractère ; il faut, quelle que soit sa détermination, que, cédant quelque chose