Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/418

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par une de ces malicieuses allusions que ces honnêtes gentilshommes savent si bien glisser entre deux compliments. La cérémonie a été célébrée par M. de Tancarville, évêque de ***. La société réunie dans l’église Saint-Roch et puis chez mademoiselle Éléonore de Rollonfort, était tout ce qu’on peut trouver de plus aristocratique à Paris, aujourd’hui que la haute noblesse boude dans ses châteaux la ville et la cour. Aussi le général de la reine de Jaghire a-t-il négligé de faire insérer dans les journaux que Sa Majesté le roi des Français a daigné signer son contrat de mariage et le nommer officier de la Légion-d’Honneur.

» Madame la générale Mazade est d’une beauté très remarquable : ce n’est pas seulement son nom de Laure qui m’a rappelé une de nos plus belles Arlésiennes, mademoiselle Laure de S…c. Elle a comme elle un port de reine et une tête de déesse. Je ne sais si c’est une illusion, mais à son côté M. Mazade reçoit comme un reflet de cette noblesse et de cette dignité. Ses quarante ans n’ont pas éteint sa pétulance et son sourire de bonne humeur ; mais quand il donne le bras à sa femme, il prend naturellement un visage plus grave ou plus oriental, comme dit son cousin M. Bohëmond de Tancarville, avec qui je me suis réconcilié en cette occasion. Ce caustique boudeur a fait, il est vrai, toutes les avances, et m’a vivement touché en me disant : Mon cher adversaire, je suis désolé de vous avoir blessé, mais plus désolé encore d’avoir mal parlé de madame Babandy : je vous prie de croire que je me ferais volontiers tuer pour elle en réparation de mon impertinence.

» Je t’ai raconté, ma bonne mère, le désappointement de ce même M. Bohëmond de Tancarville au sujet de