Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/440

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voyage ; mais le plus grand calme lui est recommandé jusqu’à ses couches ; elle doit s’abstenir du bal, à plus forte raison des secousses d’une chaise de poste. On ne saurait préparer avec trop de précaution l’heureuse venue de l’héritier des Tancarville, et si ma défunte mère s’était un peu plus ménagée pendant qu’elle portait votre serviteur dans son sein, le Bohëmond actuel ressemblerait peut-être un peu plus au Bohëmond du temps des croisades.

» Je vous annonce, mon cher Paul, la mort du docteur Térence Valésien. C’était un original, comme vous savez, et il a voulu, à ce qu’il semble, en donner une dernière preuve par son testament. Comme quelques uns de ses légataires sont de votre connaissance, je vous transcrirai les principaux articles de ce singulier adieu que le sardonique docteur adresse à ses amis et à ses ennemis :

« Je soussigné, sain de corps et d’esprit, etc.

» Je reconnais avoir été le plus heureux des maris pendant plus de vingt ans, grâce à la vertu et à l’amabilité d’Héloïse, ma chère et estimable épouse, qui malgré la différence de nos âges et son inclination pour un homme plus jeune que moi, a su me garder une fidélité exemplaire. En retour de tant de sagesse, je nomme pour mon héritier et légataire universel, à condition qu’il épousera ma veuve, M. Théodose d’Armentières, qui depuis plus de vingt ans aime chastement madite veuve et refuse de se marier pour attendre que ma mort lui permette de me remplacer légitimement dans ma maison.

» J’attends de la probité de mon légataire et de la tendresse de ma veuve, qu’ils adopteront ma nièce Cœlina ***, pour lui servir de père et de mère, la doter convenablement, et lui léguer un jour