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tienne tant d’excellents articles d’archéologie, de statistique et de littérature, avec un feuilleton si varié.


II.


Note historique sur la reine de Serdanha.


Mon ami le généralissime Mazade ne se dissimule pas que la popularité plus récente du général Allard est venue le mettre un peu dans l’ombre. Le roi de Lahore passe aussi pour un plus grand monarque que la reine de Jaghire, et enfin un élégant écrivain du Journal des Débats, M. C. Fleury, a publié en faveur du général Allard et de Runjet-Sing une brochure qui a plus d’autorité qu’une histoire présentée sous forme de roman. Il faut dire encore que Victor Jacquemont, dans sa correspondance, a traité bien cavalièrement la souveraine du généralissime Mazade. Voici en quels termes il fait son portrait : « Sachez donc que le colonel Arnold me mena chez la Begum-Sumro un dimanche matin du mois de décembre dernier, quand j’étais à Meerut avec lui. Je déjeunai et dînai avec cette vieille sorcière, et même lui baisai la main galamment. En véritable John Bull, à dîner, j’eus l’honneur de trinquer avec elle ; de retour à Meerut, le lendemain, je reçus d’elle une invitation à dîner le jour de Noël. C’est une vieille coquine qui a une centaine d’années, cassée en deux, ratatinée comme un raisin sec, une sorte de momie ambulante qui fait encore elle-même toutes ses affaires, écoute deux ou trois secrétaires à la fois, tandis qu’en même temps elle dicte à trois autres[1]. » Après avoir parlé de sa cruauté en disant qu’elle égale son courage, Victor Jacquemont parle de l’église catholique bâtie par elle à Serdanha et prétend que la reine de Jaghire s’est faite dévote de peur du diable. On sait la haine de Victor Jacquemont contre les dévots, et il est facile de s’apercevoir qu’il eût été plus galant envers la reine de Jaghire si elle ne s’était pas convertie

  1. Correspondance de Victor Jacquemont, t. II, pag. 235.