Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/62

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beauté : mais sa grande taille, son air fier et son maintien de reine me faisaient craindre que dans le ménage l’autorité ne passât de son côté. Évidemment, mon père voulant me rendre sage malgré moi, c’était un Mentor qu’il prétendait me donner sous les traits de cette belle Minerve. Je ne me souciais pas de retourner ainsi la métamorphose du roman de M. de Fénelon. Une fois prévenu, j’entendis vanter en vain tous les mérites et tous les talents de mon incomparable cousine, bien résolu à ne pas l’aimer, et surtout à ne pas lui paraître aimable. Il faut tout dire : ses mérites et ses talents auraient suffi pour faire naître en moi une véritable antipathie. Imaginez-vous que dans les loisirs de sa longue virginité, la belle Laure s’était avisée de devenir une femme savante, un bas bleu !

— Avait-elle appris le grec et le latin ? demanda madame de Bronzac.

— Ah bien oui ! c’eût été trop commun pour son génie supérieur ; et tout mauvais écolier que j’aie été, j’aurais encore pu lui tenir tête par quelques vers d’Homère et de Virgile. Non, madame, dédaignant l’antiquité