Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/87

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tude et d’humeur. Bien sûre d’entrer dans sa pensée par ce langage, elle achevait de l’ébranler en exagérant sa tendresse pour lui au moment même où elle n’en éprouvait plus aucune. Un jour enfin on vient apprendre à Levassu qu’une partie de sa garde a formé un complot pour s’emparer de sa personne. À cette nouvelle, l’artificieuse bégum s’écrie que tout est perdu et elle décide enfin son mari à prendre la fuite sans plus de retard. Escortés de quelques affidés, ils partent à l’entrée de la nuit ; la bégum marche en avant dans son palanquin, se disant trop faible pour monter à cheval. Levassu forme l’arrière-garde de cette retraite avec les éléphants chargés des trésors. Si nous sommes surpris, lui a dit la bégum, je jure de me poignarder. — Je ne vous survivrai pas, lui a juré Levassu. Tout-à-coup il entend au loin sur la route des lamentations ; un messager accourt et lui annonce que les rebelles ont arrêté sa femme qui s’est donné la mort ; un autre vient bientôt après lui apporter son voile teint de sang, dernier gage de tendresse qu’elle lui envoie. Levassu perd la tête, et fidèle à son ser-