Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment il se fait sauter la cervelle. On va annoncer cette catastrophe à l’avant-garde. Alors le palanquin de la bégum s’ouvre, elle en descend et monte à cheval :

— Le rajah n’est plus, s’écrie-t-elle aux troupes qu’elle avait elle-même apostées là pour se faire arrêter ; mais je vis encore. Il voulait vous abandonner, mais je vous reste. Femme, je devais lui obéir ; reine, je vous commanderai seule, et malheur à qui me désobéira ! Soldats, vous savez que je connais les chemins des dangers et de la victoire ; vous m’y verrez à votre tête.

Cette harangue électrisa les troupes, et la bégum les fît rentrer à Sirdanha, où elle continua de régner seule avec un mélange d’audace et de prudence qu’on n’attendait pas d’une femme.

Mon ami l’abbé Jouve me confirma tous ces détails, et me cita encore plusieurs traits propres à m’éclairer sur le caractère extraordinaire de sa souveraine, qui allait devenir aussi la mienne. Il ne put lui prêter beaucoup de vertus ; mais en qualité de confesseur, il ne pouvait non plus trop appuyer sur des fautes qu’il avait