Page:Pidansat de Mairobert - L’espion anglois, tome 1.djvu/20

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fonde connoiſſance du cœur humain, d’une philoſophie raiſonnée & réfléchie, mais étendue trop loin. Elle eſt persuadée qu’elle n’est entourée que de fripons, qu’un honnête homme ne voudroit pas venir à la Cour, ou que s’il y étoit, il s’en retireroit bientôt, en ſorte qu’elle trouve indifférent de choiſir tel ou tel Miniſtre : & comme elle eſt facile, elle ſe prête à nommer celui que l’intrigue pouſſe auprès d’elle. Elle a ſeulement une politique là-deſſus c’eſt que néceſſitée de confier les rênes du Gouvernement à d’autres mains que les ſiennes, il ne faut pas leur laisser prendre trop d’aſcendant. Entourée d’hommes à paſſions dangereuſes pour l’État elle en tourne une partie contre eux-mêmes : elle a ſoin de soutenir toujours deux cabales entre eux, qui s’obſervent, se ſurveillent, & défendent ſon autorité en la diviſant. Suivez l’hiſtoire de ſon Règne & vous verrez que depuis la mort du Cardinal de Fleuri, telle a été la politique du Roi.

L’Observateur.

D’après la triſte vérité dont il est pénétré, elle ſeroit excellente, s’il maitriſoit lui-même à ſon tour ces ambitieux qui dominent ſous lui.

Le Courtisan.

Et c’e¨St ce qu’il ne fait pas. Son grand défaut (car pourquoi le diſſimuler ? il en a, ſans doute.) ſon grand défaut, c’eſt de ne pouvoir ſoutenir longtems une grande contention d’eſprit, de ſe fatiguer bientôt du travail ; en outre il eſt facile, & cependant