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jaloux de ſon autorité. Pour concilier tout cela, lorſqu’un des deux partis devient trop puiſſant, que l’équilibre eſt abſolument rompu, & qu’il a renverſé l’autre, le ſuprême modérateur fait pencher la balance du côté du nouveau qui s’élève, juſqu’à ce que celui-ci ait à ſon tour culbuté le plus puiſſant, & s’écroule ſous un quatrième, qu’il favoriſe ſucceſſivement.

L’Observateur.

Cette manœuvre, excellente dans un petit Prince qui ſeroit obligé de ſuppléer à la force par la ruſe, eſt meſquine, puérile, illuſoire dans un grand Roi, qui d’un mot peut changer la face de ſon État.

Le Courtisan.

Et c’eſt ce mot qui lui coûte. Il eſt ennemi de tout ce qui est coup de violence, de rigueur, d’autorité.

L’Observateur.

Il vient cependant d’en frapper un…

Le Courtisan.

Arrêtez ! Ce n’eſt pas lui : ſoyez d’abord perſuadé qu’il a la judiciaire trop bonne.

L’Observateur.

Comment ? Eſt-ce qu’il n’auroit pas assisté à un Conſeil auſſi important ? Eſt-ce que ſon avis ne fait pas loi ? Accordez-vous donc. Répondez à cette queſtion que je vous ai faite plus haut ?

Le Courtisan.

Vraiment, ſi le Roi prenait une réſolution déter-