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Page:Piedagnel - Jules Janin, 1877.djvu/145

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jules janin

propos de la Fin d’un Monde et du Neveu de Rameau, s’écriait un jour avec chaleur :

C’est Diderot, et c’est plus que Diderot ! Il en a la verve enragée, mais bien plus soutenue ; la bonhomie charmante, mais non plus si bourgeoise et tout autant bonhomie. Il en a la langue immense, enthousiaste, éloquente, lyrique, à rires sonores, à larges larmes, l’engueulement sublime du cabaret, la gouaille à écuellées, les gros mots hardis qui n’ont peur de rien, quand il s’agit d’être remuant et pittoresque, le gros sel, le sel bourguignon qu’il jette à poignées, d’ici, de là, mais plus cristallisé, plus diamanté, et qui, en salant tout autant, étincelle davantage ! Il en a, en deux mots, tout cet esprit vivant et cordial et qu’on aime, quand on est Gaulois ou même Franc, mais il l’a poussé presque de l’ampleur étoffée de Diderot jusqu’au grandiose de Rabelais, avec le dictionnaire accumulé et splendide du xixe siècle[1] !

Nous empruntons ce qui suit à un ravissant feuilleton de M. Louis Ulbach :

… Sainte-Beuve a dit, à propos de Nestor Roqueplan, son camarade, dont il appréciait l’esprit si délicat et si parisien : « Il embarque de la poudre d’or dans des coquilles de noix. »
Jules Janin fut l’amiral d’une flotte composée de ces
  1. Les Œuvres et les Hommes, 4e partie, i vol. (1865.)